Sortie de crise / Mamadou Koulibaly:“L’Accord de Ouaga est ambigu sur beaucoup de points”
Le président de l’Assemblée Nationale, Mamadou Koulibaly, était le mardi 16 décembre 2008 l’invité de Onuci-Fm. Il a porté un regard critique sur l’accord politique de Ouagadougou, tout en estimant qu’il n’est plus nécessaire de se rendre dans la capitale burkinabé pour trouver une issue au conflit ivoirien.
Après plus de six ans de sortie de crise que connaît la Côte d’Ivoire, est-ce que l’état actuel de ce pays montre bien qu’une véritable sortie de crise est amorcée ?
Une sortie de crise politique est amorcée, mais pour ce qui concerne la crise économique, je pense que nous sommes loin de la sortie de crise. Au contraire, nous nous enfonçons chaque jour qui passe.
Pourquoi cette nuance ?
Parce que depuis 2002, tous les gouvernements installés en Côte d’Ivoire n’ont pas eu de préoccupation économique générale. On a oublié complètement l’aspect économique et social de notre pays. Cet aspect se dégrade, même si politiquement l’ambiance semble bien meilleure aujourd’hui qu’en 2003.
Alors comment selon vous, l’on peut mettre fin à cette situation de crise en Côte d’Ivoire qui n’a que trop duré ?
Pour nous en sortir, je pense qu’il est temps maintenant plus que jamais de mettre en relation les problèmes économiques. Je précise, l’accord de Ouaga a eu un programme très généreux : le service civique, le pré-regroupement, le regroupement des combattants et puis leur réinsertion dans la vie sociale. Mais, l’accord de Ouaga n’a pas dit où aller chercher cet argent. L’argent pour faire cela, rien que le service civique, c’est un milliard. L’Accord de Ouaga n’a pas dit où trouver cet argent. C’était aux Ivoiriens de mettre en rapport cet Accord et l’unicité des caisses dans le pays et la protection des frontières de la Côte d’Ivoire pour que l’impôt soit collecté aussi bien à Tingrela, Bouna, Touba, Man, Séguéla qu’à Abidjan, Aboisso, San-Pédro. Et c’est cet ensemble d’impôt qui aurait permis de financer toute l’activité économique.
Les questions économiques sont encore pendantes. Alors, est-ce que ce n’est pas l’application de l’Accord de Ouaga qui n’a pas été faite pour que les questions économiques ou les résolutions des questions économiques puissent suivre ?
L’accord en lui-même était très ambigu sur beaucoup d’endroits et de points. Mais en plus de cette ambiguïté, l’Accord de Ouaga n’a pas dit aux Ivoiriens comment financer un accord. Un accord, ça se finance. Si l’Accord de Ouaga avait précisé dans une de ses dispositions que désormais plus une fève de cacao de Côte d’Ivoire ne serait subtilisée aux producteurs ivoiriens pour être exportée dans des pays non producteurs des pays voisins, que plus une seule gemme de diamant ne pourrait sortir frauduleusement de Côte d’Ivoire, plus d’or, plus d’anacarde, plus de coton, plus de bois et que toutes ces productions du territoire ivoirien devraient être comptabilisées au niveau de l’Etat de Côte d’Ivoire… , ce sont des éléments qui n’ont pas été pris en compte…
Alors, pour vous, c’est un accord incomplet ?
Très incomplet.
Alors, qu’est-ce qu’il faut faire donc pour l’améliorer aujourd’hui ?
Maintenant, à mon avis, on n’a plus besoin d’aller à Ouagadougou pour essayer d’améliorer. C’est vrai qu’au moment où l’Accord de Ouaga était signé, les antagonismes étaient tels que la confiance ne régnait pas du tout. Mais depuis l’Accord de Ouaga, je pense qu’il y a eu de grands pas dans la confiance et je pense qu’aujourd’hui, on ne peut plus invoquer le manque de confiance pour aller chercher une tierce autorité à l’extérieur pour venir nous mettre autour d’une table. Les problèmes étant connus, on les pose sur la table. On trouve des solutions, on s’accorde là-dessus et on les applique.
Professeur Mamadou Koulibaly, à vous entendre, les choses sont assez simples ?
Totalement.
En face de vous, il y a aussi un mouvement qui a ses idées à faire passer. Alors quand vous le dites comme ça que c’est aussi simple, est-ce que ce n’est pas à la limite utopique de le penser ainsi ou bien vous voulez l’imposer aux autres?
Non, pas l’imposer. Si je pensais l’imposer et aussi le FPI pensait l’imposer, on n’aurait pas dit qu’il faut qu’on se mette autour d’une table pour identifier les problèmes et les résoudre. Je suis convaincu que nous sommes des intelligences dans ce pays, qu’on a des yeux ouverts et qu’on voit la misère ambiante autour de nous. Comment dans ces conditions, ne pas poser les vrais problèmes et puis oublier tous les faux-fuyants qui nous éloignent des préoccupations des Ivoiriens et surtout que nous ne pouvons pas payer.
On parlait de démobilisation des ex-combattants et de démantèlement des milices pour qu’il n’y ait plus des armes en circulation irrégulière. Alors, selon vous, qu’est-ce qu’il faut faire aujourd’hui pour que cela soit une réalité en Côte d’Ivoire?
Le schéma de désarmement qui a été adopté consiste à rassembler les différents combattants de part et d’autre.
Mais ce processus avait commencé. Il est bloqué depuis…
C’est parce qu’il est trop cher et on n’a pas les moyens de le faire. La suggestion qui est en train de se faire, c’est que dans les zones occupées, il y a beaucoup d’argent. Il faut aller chercher cet argent et mettre dans les caisses de l’Etat. Et il faut utiliser cet argent pour faire le désarmement.
A vous entendre là et vous l’avez déjà évoqué, il faut aller à l’unicité des caisses de l’Etat ?
C’est une chose qui aurait dû se faire depuis. Mais il faut que ce soit immédiat. Et puis au lieu d’avoir des soldats regroupés à entretenir, c’est trop cher. A mon avis, on peut donner des bons à chaque soldat, des reconnaissances de dettes de l’Etat ivoirien. Quel que soit celui qui gagne les élections, c’est un document de l’Etat ivoirien. Avec la continuité, on paiera ce qu’il faut payer.. C’est une question de foi en la République.
Retranscrits par T.A.B
C’est cela la realite deconcertante de l’accord de Ouaga,le volet economique de son application et des effets positifs de son execution pratique…Les fonds internes et exterieurs..
Commentaire par shuman — 17 décembre 2008 @ 8:22
je suis totallement d’accord avec le president mamadou soro est pm de la replublique ils veulent quoi encore
Commentaire par marie traore — 18 décembre 2008 @ 10:19
je suis d’accord avec le president mamadou soro est le pm de la cote d’ivoire il est payer avec l’argent du contribuable ivoirienne avec sa bande du guinen sidyki ils pilles les resources du pays en faveurs du burkina
Commentaire par claudine zagbo — 18 décembre 2008 @ 10:30